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Toujours plus de lits pour les sans-abris

Le 04 November 2013
Enquête commentaires
Par Rémi Sanchez

 «Notre dispositif s'améliore en efficacité au fil du temps». Ces mots, Jean-Charles Geray, secrétaire général de la préfecture de la Somme, les a tenus lors de la présentation du plan hivernal 2013/2014, jeudi dernier. Et c'est vrai que, dans la Somme, le service d'accueil des sans-abris, accessible en téléphonant au 115, se renforce d'année en année.

Entre 2011 et 2012, les capacités d'accueil maximales, avaient été augmentées de 24 lits (voir notre article) pour atteindre 340 places lors de l'activation maximale du dispositif. Cette année, le dispositif de base compte 344 places. Mais en cas de chute des températures, 45 autres lits qui viendront s'ajouter au dispositif hivernal, activé jusqu'au 31 mars. Au total, la Somme comptera donc 385 places d'hébergement.

Une bonne nouvelle. Car les besoins en hébergement sont toujours plus grands.

Souvenons-nous. L'an dernier. Le début de l'automne avait été particulièrement rude. Les températures avaient chuté bien avant la mise en place du plan hivernal, traditionnellement fixée au 1er novembre. Si bien que, de façon chronique, l'Union départementale d'accueil et d'urgence sociale (l'Udaus) se retrouvait dans l'impossibilité de répondre à toutes les demandes d'hébergement. Pendant les nuits les plus froides du mois d'octobre 2012, une trentaine de demandes d'hébergement n'étaient pas satisfaites. Sans compter les personnes qui ne prenaient plus la peine de demander, de guerre lasse.

Si la mise en place du plan hivernal a pu répondre, en partie, à la demande, la sortie du dispositif, à la fin du mois de mars, s'est révélée compliquée à gérer. «Début 2013, nous nous sommes aperçus que les places hivernales ne pouvaient pas être libérées du jour au lendemain et que nombreuses étaient les personnes qui ne pouvaient pas être remises à la rue», explique Jean-Charles Geray. Résultat: 420 000 euros ont été débloqués par le ministère de la Santé pour pérenniser ces places d'hébergement. Voilà comment la Somme peut aborder l'hiver 2013 avec d'avantage de lits qu'en 2012.

Des foyers rénovés

Par ailleurs, cette année le paysage des foyers d'hébergement (la plupart amiénois) a changé. Le 5 mars, il y a eu l'inauguration du foyer La Passerelle, implanté rue de Rouen et géré par l'association l'Îlot. Ce sont 32 chambres individuelles et une capacité maximale qui peut grimper à 46 lits.

Et puis, il y a le foyer du square Friant, géré par la Croix-rouge. Celui-là est en pleine mutation. L'an dernier, il consistait encore en trois dortoirs d'une dizaine de lits superposés (re-voir notre diaporama sonore réalisé dans ce foyer en novembre 2012). En cas de grand froid, des lits de camp pouvaient être installés pour assurer une mise à l'abri. Bientôt, ce foyer comptera quarante vraies places, réparties en dix chambres de quatre lits. Mais il faudra attendre les environs du 15 décembre pour voir la fin des travaux de réhabilitation qui ont un peu tardé.

Le recours à l'hôtel régresse

Si l'Udaus dispose déjà de lits supplémentaires et dans des cadres rénovés, la situation financière de l'organisme s'est, elle aussi, améliorée. Sur demande du préfet précédent Michel Delpuech, l'Udaus s'était résignée à financer des nuitées d'hôtel pour mettre à l'abri les demandeurs d'asile ou les sans-abris, créant un gouffre de plus de 500000 euros dans sa trésorerie (voir notre article)

L'an dernier, après avoir frôlé le dépôt de bilan, les associations de l'Udaus avaient reçu des aides exceptionnelles de la part du ministère du Logement et de l'égalité des territoires. Par ailleurs, considérant que le vrai problème de l'Udaus était le recours à l'hôtel, la préfecture était intervenue auprès des bailleurs sociaux pour qu'ils louent, à l'Udaus, des appartements qui viendraient compenser les besoins des associations en terme de logement.

Cette idée, Jean-Charles Geray l'avait exposée en novembre 2012, lors de la présentation du plan hivernal. La préfecture espérait alors qu'au mois d'avril 2013, une vingtaine d'appartements seraient à la disposition des associations d'hébergement social. Le délai a été dépassé, mais la situation ne s'est pas enlisée.

Déjà douze appartements loués

Il y a deux semaines, l'Udaus a reçu les clefs de deux appartements du bailleur La Maison du CIL, situés à Amiens nord. Le bailleur social a donc déjà réservé 6 de ses logements pour l'Udaus, tout autant que l'Opac, l'autre bailleur qui a répondu à l'appel de la préfecture.

«Les huit logements qui suivent devraient être fournis par La Maison du CIL, mais le bailleur s'est rendu compte de la présence d'amiante et doit d'abord remettre ses appartements aux normes», explique Didier Billard, président de l'Udaus.

La stratégie semble être payante. Aujourd'hui, selon les représentants de l'Udaus, il n'y a quasiment plus personne à l'hôtel. Et pour la situation financière, le secrétaire général de la préfecture l'assure: «On est dans un cercle plus vertueux qu'auparavant», précisant que la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) suit de près la gestion des comptes de l'Udaus.