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Thierry Bonté va devoir recoller les morceaux

Le 18 October 2013

Ce sera Thierry Bonté. L'actuel vice-président d'Amiens métropole en charge des transports portera les couleurs du Parti socialiste (PS), et plus si affinités, lors de la prochaine campagne municipale à Amiens. Il a été élu hier soir par les adhérents du PS amiénois. En tout, 274 d'entre eux se sont déplacés au bureau de vote, sur 446 inscrits. Le bureau de vote unique était ouvert de 17 heures à 22 heures à la fédération de la Somme, rue Jean-XXIII à Amiens.

Thierry Bonté a recueilli 149 voix et René Anger 124. Un vote a été déclaré nul car l'enveloppe contenait le bulletin «Bonté» et le bulletin «Anger». L'écart est donc de 25 voix. «Je pense que Thierry va faire environ 150 voix, et il aura vingt ou trente voix d'avance», prévoyait, quelques heures avant le dépouillement, Benjamin Lucas, secrétaire de la section Amiens sud et soutien de René Anger. Bien vu.

Contrairement à la semaine dernière, le scrutin s'est déroulé dans le calme. Rappelons que lors du premier tour, jeudi dernier, plusieurs dizaines d'adhérents n'avaient pas pu voter parce qu'ils n'étaient pas inscrits sur les listes électorales amiénoises. Une situation qui avait provoqué bien des remous (lire ici). Mais, hier soir, rien à signaler.

À l'issue de sa victoire, vers 22h30, Thierry Bonté est venu saluer ses camarades et leur adresser un premier discours : «Demain, il nous faudra rassembler. Nous même mais surtout au-delà de notre camp.» Il a fixé les deux axes principaux de sa futures campagne : «La proximité et une ambition nouvelle pour Amiens et ses habitants».



Juste après l'annonce des résultats, dans le bureau de vote.

Plus en détails, Thierry Bonté entend travailler sur une amélioration des services de proximité et convaincre les Amiénoises et les Amiénois de la nécessité de la mise en place de grands projets structurants comme la citadelle (la seconde phase de travaux reste à décider) et le tramway. Un tramway «qui va changer la ville et la vie de tout le monde».

Des mots qui restent

Lors de son discours d'après victoire, Thierry Bonté a rappelé que «chacun devra prendre une place dans ce combat magnifique pour donner au printemps prochain les couleurs de la victoire de la gauche !» Certains, dans le camp de René Anger, sont venus le saluer et lui signifier leur solidarité, leur soutien. D'autres, non.

Car la séquence politique récente a laissé des traces. «Ce sera un combat frontal entre deux gauches: une gauche morale qui s'oppose au clientélisme et au communautarisme, et une gauche qui s'est dévoyée», avait annoncé Thierry Bonté lors d'une conférence de presse donnée en commun avec Didier Cardon, samedi dernier. Des mots qui sont mal passés. Surtout «communautarisme». «C'est un mot qu'il faut manier avec précaution. Ça a été mal interprété, confiait-il hier soir, quelques heures avant le dépouillement. Je n'aurais probablement pas dû dire ça. Pas comme ça.»

«Je vais voter à droite !»

Vers 21h30, un peu à l'écart, dans la rue Jean-XXIII, des partisans de René Anger sentaient que le vent électoral qui soufflait ne leur serait pas favorable. Et ils revenaient sur les mots : «On nous a lancé le mot communautarisme à la figure alors que l'un peut être juif, l'autre homo, nous on s'en fout. On est tous sous la même bannière, celle du Parti socialiste !»

Ce militant d'Amiens nord regrettait aussi l'image qu'on lui renvoyait, de lui et de ses camarades : «On nous a présentés comme des lascars mais, désignant l'un de ses camarades, lui est enseignant, moi je suis agent SNCF, et lui là-bas, il est chef d'entreprise !»

Après l'annonce des résultats, René Anger ne s'est pas attardé à la fédération du PS. Il est rapidement sorti du bureau de vote et c'est au milieu de la rue Jean-XXIII qu'il a répondu aux journalistes. Quel est son avenir ? «J'ai autre chose à faire dans ma vie que d'être adjoint au maire», lança-t-il.

Comment analyse-t-il sa défaite ? «Je suis parti seul au second tour, sans ralliement [éliminés au premier tour, Didier Cardon avait soutenu Thierry Bonté et Maryse Lion-Lec n'avait pas donné de consignes de vote, ndlr]. Je n'avais pas non plus l'appareil de la fédé et de la Ville avec moi.» Et d'ajouter : «Il y a un mouvement qui est né [durant sa campagne, ndlr]. Il faut reconstruire un espoir dans les quartiers, je vais travailler là-dessus, c'est un vrai sujet pour le PS.»



René Anger, rue Jean-XXIII, hier soir après les résultats.

Le PS, justement, certains veulent s'en éloigner. «Je vais voter à droite, prévient un partisan de René Anger, à contrecœur, mais je vais voter à droite! Ça fait dix ans que je suis au PS et on me traite de "militant d'un jour"!»

S'il veut l'emporter en mars prochain, Thierry Bonté devra d'abord rassembler son camp. Il a quelques mois devant lui. Et beaucoup de travail.

Dans l'œil du Télescope

J'étais hier soir à la fédération du PS de la Somme pour réaliser ce reportage. Rémi Sanchez a pris les photographies.