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Lutte contre les déserts médicaux: les mesures picardes

Le 21 February 2013
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Le directeur de l'ARS de Picardie s'était laissé deux mois pour adapter le pacte santé-territoire à notre région.

Marisol Touraine, la ministre de la Santé, avait dévoilé son plan de lutte contre les déserts médicaux, le «pacte territoire-santé», le 13 décembre. L'Agence régionale de santé (ARS) de Picardie qui sera chargée de son application locale s'est donné deux mois pour en adapter les actions aux besoins de la région. Et probablement aux moyens disponibles.

Pendant ce laps de temps, Christian Dubosq, le directeur de l'ARS picarde, a déclaré avoir «réuni 150 personnes» au travers de trois réunions départementales. Professionnels de santé, représentants des élus départementaux, du préfet, de la faculté de médecine ou du CHU, représentants d'usagers de médecine.

Au final, les douze mesures proposées par Marisol Touraine sont déclinées pour la région, de façon plus ou moins intense.

Parmi les mesures d'incitation à l'installation de jeunes médecins en zones peu pourvues, on trouve la volonté de promouvoir les CESP. Ces Contrats d'engagement de service public sont un système de bourse d'études pour les apprentis médecins qui s'engagent à exercer dans un désert médical. Pour le moment, ils ne rencontrent qu'un succès limité auprès des étudiants.

100% des étudiants de la faculté de médecine devront désormais effectuer un stage d'internat en médecin libérale. En 2012, ils étaient 54%, ils seront 77% pour l'année scolaire en cours.

Pour permettre cela, il faut des maîtres de stages. Ces médecins volontaires seront indemnisés, et l'ARS «réfléchit» à une façon d'indemniser les étudiants qui pourraient souffrir de frais kilométriques conséquents.

Par ailleurs, un autre point du plan prévoit que les "maisons de santé pluri-professionnelles", regroupements ruraux de praticiens libéraux, seront labellisées à condition d'avoir des maîtres de stages de médecine générale.

Inciter les jeunes, regrouper les activités

Enfin, pour ces étudiants qui souhaiteraient s'installer en libéral dans une zone peu pourvue, un conseiller de l'ARS et des aides financières seront disponibles, dès le décret correspondant signé.

Concernant les conditions d'exercice de la médecine libérale, l'ARS de Picardie va s'employer à favoriser les regroupements de médecins. Subventions pour les créations de maisons de santé, ou autres structures centrales. 59 projets sont en cours dans notre région, selon Christian Dubosq.

L'ARS voudrait aussi développer la télémédecine qui reste, pour le moment, marginale, voire expérimentale. Si l'ARS peut se vanter de passer bientôt le cap du 10000ème patient pris en charge par télémédecine, il semble que cela concerne principalement le diagnostic radiologique, exercé par un médecin se trouvant éloigné du centre de radiologie.

Parmi les mesures proposées au ministère, certaines ont, semble-t-il, moins retenu l'intérêt de l'ARS. Notre région semble assez bien couverte par le réseaux de médecine d'urgence comme le Smur, par exemple. Avec 98,1% de la population qui se trouve à moins de 30 minutes d'une prise en charge, le contrat est presque rempli. Et les efforts porteront sur d'autres mesures.

D'autres dispositifs, déjà existant et consacrant les échanges entre monde hospitalier et médecine libérale semblent également moins mis en exergue par l'ARS locale.

Devant la présentation du plan régional de santé 2012-2017 de l'ARS, conseil régional et conseils généraux de la Picardie avaient manifesté leur mécontentement et leur inquiétude. La déclinaison locale du pacte territoire-santé n'a, pour le moment, pas fait de vague du côté des élus.