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Les associations d'usagers s'expriment sur le tramway

Le 24 February 2014
Brève commentaires
Par Rémi Sanchez

La FNAUT Picardie précise sa position sur le projet de tramway.

L'antenne régionale de la Fédération nationale des associations d'usagers de transports en commun a publié un communiqué, lundi 24 février, pour expliquer son point de vue sur le projet de tramway dans l'agglomération amiénoise.

Si la fédération rappelle qu'elle ne prend pas partie dans le débat, elle rappelle les attentes des associations d'usagers, comme le Comité des usagers des bus d'Amiens métropole présidée par Michel Vidal.

Tout d'abord, un transport en commun en site propre (TCSP) ne dispense pas d'améliorer le réseau secondaire actuel. «cette révision entraînera un coût supplémentaire, le nier ou laisser croire le contraire serait parfaite démagogie». La FNAUT rappelle aussi que Brigitte Fouré dont la majorité avait voté le précédent plan de déplacement urbain en 2002, avait par là-même acté la nécessité d'un TCSP, bus en site propre ou tramway. Et que, du point de vue unique du déplacement, un bus en site propre paraît être une bonne solution intermédiaire avant l'arrivée d'un tramway.

Mais, pour la fédération, les avantages du tramway vont au-delà du déplacement, car cet équipement s'inscrit dans «une politique volontariste qui promeut modes doux de déplacement et transports collectifs en faisant évoluer les comportements.» La Fnaut souhaite «que le débat actuel reste honnête».

Enfin la fédération apporte son expertise pour juger que le tracé prévu «semble avoir obéi à des règles de concentration de population actuelle et à venir», tout en expliquant que le coût annoncé leur parait tout-à-fait raisonnable «les récentes réalisations à Dijon comme à Tours démontrent que les coûts n’ont pas été sous-évalués».

Le communiqué de Christiane Dupart, présidente de la FNAUT Picardie:

«Face aux controverses autour du tramway à Amiens, – transformé en enjeu électoral, la FNAUT Picardie - après consultation de l’association « Comité des usagers des bus d’Amiens Métropole » et en cohérence avec la constante position de la fédération nationale, veut rappeler ici quelques éléments du débat

«1° - La mise en place dans la capitale régionale d’un développement volontariste des transports en commun est récente et doit être saluée ; mais la coupler avec une ambition de développer un transport public en site propre (BHNS ou tramway) ne doit en aucun cas servir de prétexte pour ne pas améliorer le réseau actuel de bus, en particulier dans son réseau secondaire. En effet, cette révision entraînera un coût supplémentaire, le nier ou laisser croire le contraire serait parfaite démagogie.

«2 ° - Envisager un tramway sous le seul angle du déplacement est d’autre part insuffisant : en ce cas, un bus à haut niveau de service (BHNS) qui coûte bien moins cher mais qui pourrait offrir de vraies qualités de confort et d’attractivité serait suffisant et pourrait même apparaître comme une solution d’attente intelligente pour un éventuel tramway dans plus de dix ans. Le comité des usagers des bus d’Amiens métropole fait aussi remarquer que le précédent PDU pour 2002-2012 actait la nécessité de construire un TCSP (Tansport en commun en site propre) sur Amiens sans préciser lequel : Faute de tram, le BHNS entre dans ce cadre. Il a été approuvé à l’époque par Mme Brigitte Fourré, alors adjointe de M. Gilles de Robien, maire de la métropole de la région Picardie qui semblait habité par une ambition pour sa ville.

«3° - Nous sommes en effet conscients que le tramway n’est pas seulement un projet de déplacement. Il s'inscrit aussi dans une perspective de développement durable, - notamment dans le but de décongestionner la ville de la voiture -, et dans une politique volontariste qui promeut modes doux de déplacement et transports collectifs en faisant évoluer les comportements. Construire le tramway – en mobilisant les deniers publics émanant de dotation nationale - c’est entreprendre un chantier d’avenir à la suite duquel on pourra voir des voyageurs abandonner leur automobile pour prendre le tram alors qu’ils ne monteraient pas même dans un BHNS. Cela suppose aussi la mise en place de véritables pôles d’échanges avec propositions d’alternatives à la voiture (vélo, en particulier). Dans cette perspective, refuser le tramway, c’est aussi refuser qu’Amiens s’intègre dans un tel schéma porteur d ‘avenir tel qu’il a été promu par le Grenelle de l’environnement à l’initiative de M. Jean-Louis Borloo. C’est « refuser de voir grand » comme l’a expliqué le président de la FNAUT, M. Jean Sivardière, lors de sa conférence de presse sur le dernier appel à projets pour tramways.

«4° - Le tracé retenu semble avoir obéi à des règles de concentration de population actuelle et à venir. Mais il semble aussi avoir été conditionné par la nature du terrain : c’est ainsi que s’expliquerait que certaines rues d’Amiens, de par leur sous-sol, ne soient pas empruntées par le futur tramway. Il a sans doute enfin été conditionné par des soucis d’économie (Cela coûte plus cher de devoir supprimer une zone piétonne pour y faire passer le tram). Que l’équipe en charge du dossier prenne ses précautions ne nous choque pas a priori …

«5° - Dire que le coût affiché est faux et en réalité diminué de moitié ne semble guère crédible : les récentes réalisations à Dijon comme à Tours démontrent que les coûts n’ont pas été sous-évalués. La FNAUT Picardie se refuse à entrer dans un tel débat, même si elle le comprend. Elle souhaite simplement que le débat actuel reste honnête et ne soit pas faussé parce que ce serait un moyen simple de faire chuter l’adversaire.

«En conclusion, la FNAUT Picardie réaffirme la nécessité pour la capitale régionale d’avoir une vraie ambition en termes de développement des transports urbains collectifs et de développement durable, elle obéit à sa vocation première: défendre les usagers des transports et préparer l’avenir. Dans le débat électoral, cet avis ne concerne que cet aspect et ne doit en aucun cas être considéré comme une prise de position en faveur de tel ou tel candidat.»