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La rigueur budgétaire s'abat sur les collèges «prioritaires»

Le 30 April 2013
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Étouvie, César-Franck, Guy-Mareschal, Arthur-Rimbaud. Ces collèges amiénois situés dans des quartiers populaires, et pourtant considérés comme prioritaires, vont perdre leurs assistants pédagogiques à la rentrée prochaine. «Chez nous, c'est dix postes en moins», explique Stéphane Brendle, enseignant au collège d'Étouvie et syndiqué au Snes-FSU.

Ces assistants pédagogiques sont souvent de jeunes salariés, employés à mi-temps en CDD. Leur job ? Aider les élèves en difficulté à faire leurs devoirs, prévenir leur éventuel décrochage, intervenir en classe avec l'enseignant pour permettre le travail en petits groupes. «Toutes les classes de 6e ont un professeur principal et un assistant pédagogique référent», précisent les enseignants d'Étouvie pour souligner l'importance du dispositif, mis en place en 2006. Les enseignants de ce collège ont débrayé ce matin en guise de protestation.



Membres du personnel du collège d'Étouvie, en fin d'après-midi devant le rectorat.

La rentrée 2013 se fera sans eux. Mais Amiens n'est pas la seule ville concernée par la suppression des assistants pédagogiques. Car la décision est nationale et émane de la loi de finance 2013 votée par le Parlement. La loi prévoit que le ministère de l'Éducation nationale économise 5% de ses crédits consacrés au fonctionnement. Or les assistants pédagogiques sont financés sur les crédits de fonctionnement du ministère. Dans l'académie d'Amiens, les suppressions représentent entre 80 et 100 équivalents temps pleins.

«On a appris ce matin la décision rectorale, indique Stéphane Brendle, on a été sidérés.» Un débrayage s'en est suivi au collège d'Étouvie. En fin d'après-midi, quatre enseignants et une assistante sociale scolaire de l'établissement ont obtenu un rendez-vous au rectorat pour protester contre cette décision. «On va leur montrer que derrière ces suppressions, il y a des jeunes qui ont besoin d'un emploi et qui, là, vont devoir aller pointer à Pôle emploi, expliquait Stéphane Brendle quelques minutes avant le rendez-vous au rectorat. Et puis, on va leur dire combien les assistants pédagogiques sont indispensables au fonctionnement de l'établissement.»

Vers une baisse des fonds sociaux

Du côté du rectorat, on indique que les jeunes concernés seront prioritaires s'ils demandent à devenir assistants d'éducation. «Mais il n'y aura pas de création de postes.» Ils pousseront donc involontairement d'autres jeunes dehors. L'idée est aussi d'inciter les futurs ex-assistants pédagogiques à s'engager dans le dispositif Emplois d'avenir professeur (EAP), mis en place très récemment. «Mais ce ne sont pas du tout les mêmes missions!», protestent les enseignants.

Après la suppression des assistants pédagogiques, une autre mauvaise nouvelle se profile déjà à l'horizon : la baisse des fonds sociaux destinés aux élèves les plus pauvres. «C'est une aide, délivrée sur conditions de ressources, qui permet de donner un complément aux parents pour payer la cantine ou du matériel», indique Guillemette Quiquempois, assistante sociale scolaire et syndiquée à la FSU. Au collège d'Étouvie, une cinquantaine d'enfant bénéficieraient de cette aide ponctuelle, délivrée sous forme de bons d'achats.

«Il y aura bien une baisse des fonds sociaux, confirme le rectorat. Mais rien n'est encore arrêté.» Du côté d'Étouvie, on craint une suppression totale des fonds (1500 euros pour la cantine et 1500 euros pour le matériel) alors que «84% des familles d'élèves d'Étouvie sont défavorisées».