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La rentrée 2013 s'annonce difficile dans les lycées

Le 29 January 2013
Brève commentaires
Par Fabien Dorémus A lire aussi

«La rentrée des lycées s'effectue à moyens constants.» C'est ce qu'annonce le rectorat de l'académie d'Amiens pour septembre 2013. Pas de postes en plus donc. Et c'est bien cela le problème pour les syndicats enseignants. Car les projections démographiques font état d'un accroissement des effectifs lycéens pour la rentrée prochaine. Environ 175 élèves en plus.

Selon le Snes-FSU, syndicat majoritaire dans le second degré, les lycées généraux et technologiques vont perdre 49 postes. Le lycée amiénois Édouard-Gand devrait ainsi perdre 3,8 postes. «Ces postes vont être affectés aux lycées professionnels, le recteur en a besoin pour finaliser la réforme du bac pro», explique Hervé Le Fiblec, professeur de lettres modernes à Beauvais et responsable au Snes-FSU. En clair, on déshabille Pierre pour habiller Paul.

Pour autant, le rectorat se félicite, chiffres à l'appui, de la dotation en moyens d'enseignements de l'académie d'Amiens. Celle-ci est en effet supérieure à la moyenne nationale de plus de 2% dans notre académie. Comprendre : certes, on n'a pas d'augmentation du nombre de profs cette année, mais l'académie reste mieux lotie que d'autres.

Génération sacrifiée

Pour Hervé Le Fiblec, cette meilleure dotation est structurellement nécessaire. «L'académie d'Amiens est celle qui regroupe proportionnellement le plus d'établissements difficiles. Elle accueille une population plus rurale qu'ailleurs avec des petits établissements qui coûtent forcément plus chers. Et puis la part de l'enseignement professionnel y est très forte : les cours en petits groupes en ateliers coûtent aussi plus cher.»

Pourtant, «la Picardie a besoin de diplômés du supérieur, analyse Hervé Le Fiblec. On a donc besoin de bacheliers généraux et technologiques. Or les moyens ne suivent pas. C'est une génération sacrifiée !»

Du côté des collèges, les prévisions paraissent meilleures. Le rectorat a annoncé la création de 24 postes dans l'académie : six dans la Somme, 22 dans l'Oise, tandis que l'Aisne en perd quatre. Mais les effectifs dans les collèges devraient grimper de plus de 600 élèves à la rentrée prochaine. Les syndicats regrettent ici une stagnation du taux d'encadrement.



Données du rectorat d'Amiens.


Écoles primaires : «On espérait mieux»

L'école primaire est une priorité du gouvernement, la pierre angulaire de la «refondation de l'école». Ainsi 86 emplois de professeurs des écoles seront créés à la rentrée prochaine, répartis comme suit :
- Somme : + 15 emplois
- Oise : + 61 emplois
- Aisne : + 10 emplois.

Dans la Somme, le Snuipp-FSU, syndicat majoritaire du premier degré a sorti sa calculatrice (voir le document en détail). Et de s'étonner que «la balance entre les créations et les suppressions soit égale à -2,75 postes». Comment est-ce possible ?

D'après le syndicat, il y aurait 17,75 postes réservés pour couvrir les besoins des futurs jeunes enseignants stagiaires. Ceux-ci vont en effet bénéficier d'un temps de formation tout au long de leur première année d'affectation. Des postes en plus sont donc nécessaires pour les remplacer lorsqu'ils seront en formation. D'où les 17,75 postes manquants dans la balance.

«On espérait davantage pour réparer les dégâts du sarkozysme, commente Stéphane Magnier du Snuipp-FSU de la Somme. C'est une année blanche.»

De son côté, le rectorat se félicite là aussi de la surdotation (1 à 2% de moyens d'enseignement supplémentaire) dont bénéficie l'académie d'Amiens.

En guise de réponse, le syndicat majoritaire sort lui aussi ses chiffres. Il a comptabilisé le nombre de postes qu'il serait nécessaire de créer pour aboutir, dans l'académie, à une «situation idéale». Une situation qui permettrait notamment de ne pas dépasser les 25 élèves par classe. Selon ce comptage, il faudrait 500 postes supplémentaires. L'idéal n'est donc pas encore pour maintenant.