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La Picardie a désormais sa propre formation à l'éolien

Le 14 February 2014
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Par la rédaction du Télescope

Vêtu d'une cotte de travail grise floquée «Windlab», un grand jeune homme sort d'un grand hangar neuf de la Cité scolaire, où le président socialiste de la Région, Claude Gewerc, et une cinquantaine d'invités finissent de célébrer le dernier investissement de la collectivité.

L'élève s'allume une cigarette, et se tourne vers un grand poteau blanc métallique, le mât d'entraînement, une éolienne sans hélice qui domine depuis quelques mois les bâtiments scolaires. «Pour passer l'agrément de travail en hauteur à l'intérieur, on en n'a même pas besoin», explique ce jeune Amiénois un peu gris.

Depuis septembre, il fait partie des 32 premiers pensionnaires du Windlab, un centre dédié à l'éolien, qui accueille une formation qualifiante à la maintenance des éoliennes, et qu'inaugurait Claude Gewerc le 31 janvier dernier. Une merveille à 1,8 million d'euros financée par la région Picardie.

250 nouveaux postes en Picardie d'ici à 2020

La formation du jeune homme s'achève dans quelques semaines et les opportunités de travail se multiplient pour lui. Pourtant, il n'est pas sûr que ces quelques mois passés au Windlab lui aient été d'une grande utilité. Titulaire d'un BTS, il a l'impression de ne pas avoir appris grand-chose, pense que les entreprises d'éolien l'auraient embauché avec ou sans la formation. «C'est super pour ceux qui n'ont qu'un CAP par exemple, nuance-t-il. Ils bossent énormément, ils apprennent beaucoup et à la sortie, ils auront un travail dans une filière d'avenir». Pas convaincu.

Pourtant le centre est censé répondre à une demande du marché du travail. D'ici à 2020, le Conseil régional prévoit que la filière éolienne créera 250 nouveaux postes en Picardie, deuxème région française productrice d'énergie éolienne, 400 si l'on intègre les régions limitrophes (Haute-Normandie, Nord Pas-de-Calais, Île-de-France).

Même si les services de la Région ont dû jouer des coudes pour placer tous les stagiaires sous la tutelle d'une entreprise, la première année s'est passée sans encombre. Les stagiaires n'ont pas été déçus, assure la chargée de communication d'EDF Energies nouvelles, la branche éolienne d'EDF, qui cherche des titulaires de BTS pour effectuer la maintenance de son parc.

Ce centre de formation d'Amiens est le cinquième du genre en France. «C'est le plus beau», a insisté Ralf Grass durant l'inauguration. Il est le représentant picard de France énergie éolienne, la branche à hélices du Syndicat des énergies renouvelables (SER), une organisation patronale née en 1993. À l'intérieur du Windlab, trois nacelles permettent aux élèves de travailler comme s'ils étaient déjà au milieu des champs de Picardie.

La droite n'y trouve rien à redire

Au Conseil régional, le projet dépasse les clivages politiques. «Nous sommes favorables à faire émerger ici les emplois qui vont avec les champs d'éoliennes. S'il n'y avait pas de retour, ce serait une erreur majeure», explique Christophe Coulon, chef du groupe d'opposition Envie de Picardie, présent lors de l'inauguration.

Il ne manque pas de s'inquiéter de l'avenir de la filière en Europe, dont la rentabilité tient aux prix de rachat élevés des États, mais aussi du ratio investissement/emploi qu'il juge élevé: «1,8 million pour un potentiel de 700 à 800 emplois, on peut s'interroger.» Et de nuancer rapidement. «Le pari de l'emploi, nous n'y trouvons rien à redire».

En fait, «L'espace Windlab» comme le nomme le Conseil régional ne sera pas entièrement dédié à la formation. Les hangars sont également censés accueillir des entreprises.

En clôture de son discours, le président du Conseil régional exhortait les entreprises à venir s'installer leurs centres de Recherche et développement dans les locaux du Windlab. Un challenge qui sera sans doute plus compliqué que d'y attirer des étudiants en mal d'emplois.