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La mobilité entérinée chez Bigard

Le 21 May 2013
On en parlait commentaires

Nous en parlions, il y a deux semaines. La société Bigard avait proposé à tous ses salariés un accord de groupe, qui faisait bondir localement les deux représentants du personnel de l'usine menacée d'Ailly-sur-Somme, FO et CGT.

Cet accord de groupe, qui intègre un dispositif de mobilité pour tous les salariés, comme le préconise l'Accord national interprofessionnel (Ani) de janvier dernier, a finalement été signé la semaine dernière, par trois organisations syndicales sur quatre, notamment par FO.

«On est très très déçus, réagissait Bruno Lejeune, délégué FO à Ailly-sur-Somme, avant d'avoir son représentant national au téléphone. On ne comprend pas pourquoi ils ont signé alors qu'ils avaient des extraits de l'Ani dans l'accord.»

Pas de menace immédiate sur le site

Comme nous l'expliquions, la société Bigard a appliqué à la lettre les préconisations de l'Accord national interprofessionnel (Ani) en matière de mobilité, aujourd'hui retranscrites dans la loi sur la sécurisation de l'emploi. «Nous voulions actualiser l'accord de GPEC mis en place il y a trois ans, explique le directeur général des ressources humaines chez Bigard, Hervé Gabaud. Nous l'avons complété avec ce que prévoyait la loi.»

La direction de l'entreprise peut aujourd'hui proposer un plan de mobilité à ses salariés à la condition qu'ils les préviennent 3 à 6 mois à l'avance et que la mutation soit cantonnée à un périmètre de 100 kilomètres.

La taille de l'aire géographique correspond à une négociation entre direction et syndicats. La direction aurait proposé initialement 120 kilomètres : «100 kilomètres, c'est subjectif, explique le RH. Nous nous sommes dits que les salariés pouvaient faire 100 kilomètres mais pas 200 par exemple.»

Ce que peuvent craindre les syndicats d'Ailly-sur-Somme, dont l'usine a vu ses effectifs passer de 251 salariés à 179 depuis leur rachat en 2008 par le seul non-remplacement des départs, c'est l'accélération de la baisse des effectifs. Et la fermeture de l'usine à moyen terme. «Aucun plan n'est prévu pour Ailly-sur-Somme, assure Hervé Gabaud. Mais avec cet accord, nous nous en laissons l'opportunité. Jusqu'en 2013, il n'y a pas de menace sur le site».

FO défend sa signature

Pour Dominique Drouin, représentant national de FO Bigard et signataire de l'accord, ce document ne change pas le sort des salariés. «Ça ne va rien changer fondamentalement. Certains s'en servent pour faire un peu de bruit», explique-t-il en direction de la CGT, seule organisation à ne pas avoir signé l'accord. «Dans le groupe Bigard, la moitié des salariés a déjà une clause de mobilité, tous les nouveaux embauchés. Et il n'est pas question de limite en kilomètres.»

«Accord ou pas accord, il y aura des choses de faites. Dans l'agroalimentaire, personne n'est à l'abri, explique le syndicaliste. Imaginez qu'il n'y ait pas cet accord et qu'il y ait un problème à Ailly-sur-Somme. La direction ferait des propositions de reclassement. C'est aussi de la mobilité. Mais là au moins, les sommes sont déjà définies [environs 12000 euros d'aide à la mutation, ndlr], contrairement à un plan social».

Et de conclure: «Je comprends qu'ils soient inquiets à Ailly, mais cet accord n'a pas été fait pour fermer leur site».