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Hubert de Jenlis : «Je ne claque pas la porte de l'UMP»

Le 17 December 2012

Hubert de Jenlis a fait savoir son choix par le biais d'un communiqué en fin de semaine dernière. Le conseiller général -jusqu'alors UMP- a choisi de rejoindre la nouvelle formation centriste : l'UDI. Entretien.

Vous venez de quitter l'UMP pour rejoindre l'UDI. Quel est votre parcours politique ?

J'ai pris ma première carte à l'UDF, c'était au début des années 2000. Ensuite, j'ai rapidement adhéré au Parti radical parce qu'il défend des valeurs humanistes et sociales dans lesquelles je me retrouve. En adhérant au Parti radical, je suis devenu également membre de l'UMP puisque le Parti radical a contribué à fonder l'UMP. En 2011, j'ai été élu conseiller général [d'Amiens sud, ndlr]. Fin 2011, le Parti radical a voté son indépendance vis-à-vis de l'UMP. Dès le début 2012 j'aurais dû choisir entre l'UMP ou le Parti radical mais j'étais un peu assis entre deux chaises, j'ai continué de verser mes cotisations aux deux.

Pourquoi partir maintenant ?

J'avais une deadline: la fin de cette année. Les adhésions se font par année civile. En rejoignant l'UDI, je reste fidèle à mes valeurs, je reste au Parti radical. Ce n'était pas une décision facile à prendre. Elle a été mûrement réfléchie. Je ne claque pas la porte de l'UMP, je ne renouvelle juste pas mon adhésion. De toute façon, l'UMP est le cousin germain de l'UDI. Ce qui compte c'est que la droite marche sur ses deux jambes. Et elle est plus forte quand elle est plurielle.

Est-ce toujours possible d'être de sensibilité centriste à l'UMP ?

C'est devenu un peu étroit... Dans la Somme, c'est François Fillon et la motion Droite sociale qui ont gagné. Mais au niveau national, c'est la motion Droite forte qui l'a emporté. L'UMP de demain sera sur la ligne de Buisson et de Peltier, c'est une droite... droite, elle n'est plus modérée. Et je ne me retrouve pas dans ce qu'ils proposent. Par exemple, la Droite forte veut des quotas de journalistes de droite dans la presse. Si on demande à chaque journaliste ce qu'il vote, on touche à la liberté de la presse. Ils proposent aussi d'inscrire dans la constitution les racines chrétiennes de la France. Certes, la France a un héritage chrétien mais de là à l'inscrire dans la constitution... Et au Parti radical, nous défendons la laïcité depuis toujours.

Vous avez soutenu François Fillon mais lui aussi proposait des mesures très à droite. Comme «réserver l'accès aux prestations sociales aux étrangers ayant séjourné régulièrement sur le territoire pendant plus d'un an». C'est une proposition qui figure dans son livret-programme, à la page 12. Et de fait, cela instaure une préférence nationale.

François Fillon, c'était quand même la candidature d'une France généreuse, d'apaisement. Je n'ai pas le document dont vous me parlez sous les yeux. Mais ce n'est vraiment pas l'idée forte que j'ai retenu de François Fillon. Je l'ai soutenu parce qu'il incarnait un esprit de rassemblement de la droite et du centre. C'est lui qui pouvait garder l'esprit d'origine.

Vous partez seul de l'UMP ou d'autres vous ont suivi ?

C'est une initiative personnelle. Je n'ai pas organisé un bus ! J'ai d'ailleurs reçu beaucoup de messages amicaux venant de l'UMP. C'est une satisfaction: je n'ai eu à déplorer aucune défection d'amis.

Alain Gest, le président de la fédération UMP de la Somme parle de «trahison» à votre propos, considérant que vous avez été élu conseiller général grâce à l'UMP.

Ça, c'est vraiment faire de la politique à la papa ! C'est une réaction très éloignée des préoccupations des Français et des Amiénois. Et mon choix pour 2013 n'est pas télécommandé par les années à venir.


Dans l'œil du Télescope

Hubert de Jenlis a été interviewé par téléphone jeudi soir. La photo a été prise lors du meeting vendredi soir par Rémi Sanchez.