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Gilles Demailly : «Nous avons gardé le cap malgré la tempête»

Le 15 January 2014
Reportage commentaires
Par Fabien Dorémus

Gilles Demailly, ce soir au cirque Jules-Verne.

Sobrement, Gilles Demailly a prononcé ce mercredi soir au cirque Jules-Verne ses vœux à la population amiénoise et métropolitaine. C'étaient les derniers. Le maire d'Amiens et président d'Amiens métropole -on le sait- ne brigue pas de second mandat.

Dans son discours, il est d'abord revenu sur sa manière d'exercer la fonction, et sur les critiques qui lui ont été faites à ce sujet. Dans un second temps, Gilles Demailly a abordé trois projets «que vos élus ont voté très largement»: la rénovation urbaine, la citadelle et la rénovation des écoles. Il s'est bien abstenu de parler du tramway, objet de débat de la campagne électorale amiénoise. Une campagne municipale qu'il évoquera brièvement en fin de discours. Extraits.

L'exercice du pouvoir

«Nous avons gardé le cap malgré la tempête et j’ai assumé le rôle de capitaine que vous m’avez confié, j’ai tenu fermement la barre. Avec les valeurs qui sont les miennes, les nôtres, avec la conviction qu’ensemble nous pouvions et qu’ensemble nous avons relevé le défi.

Bien sûr, et ce dès le début, certains m’ont trouvé trop «scientifique» et pas assez «politique». Oui c’est vrai, je ne suis pas un idéologue qui a réponse à tout avant même de connaître la question. Oui je prends le temps d’analyser, d’étudier les dossiers avant de décider. Mais non je n’ai jamais été un scientifique enfermé dans son laboratoire. J’ai toujours aimé débattre, échanger, convaincre.

Et vous le savez, je suis très présent à Amiens, quotidiennement. J’ai continué à vivre comme avant, à me déplacer seul dans les rues – on me l'a reproché d'ailleurs, je ne comprends pas, à aller sur les marchés, à faire des sorties spectacles en ville. Il est donc facile de m’aborder, d’échanger, d’exprimer sa satisfaction ou son mécontentement. J’aime ces rencontres, ces débats. J’y tiens toujours un langage de vérité.»


Le refus du clientélisme

«Beaucoup me parlent de leur difficultés, recherchent un emploi, un logement, quelques-uns espèrent un coup de «pouce». Ma réponse est toujours la même, j’écoute, je demande des précisions, et je rappelle les règles, les critères de recrutement, d’attribution des logements sociaux ou de places en crèches, l’existence de commissions collectives. On peut être à l’écoute, en empathie, s’engager à vérifier l’avancement du dossier, à son suivi et à une réponse et refuser tout passe-droit, tout clientélisme, toute démagogie.

Je pense sincèrement que c’est cela la démocratie et c’est la seule voie pour que les élus soient plus crédibles et respectés. Même si ce n’est pas toujours simple d’expliquer que les élus mettent toute leur énergie à faciliter la création d’emplois, la construction de logements mais qu’ils ne peuvent pas, plus encore qu’ils ne doivent pas, privilégier tel ou telle parce qu’ils les ont croisés ou qu’ils les connaissent.»

Une mauvaise communication

«Nous aurions pu mieux faire savoir. Nous n’avons pas fait de grandes campagnes de communication sur nos réalisations ou nos projets. C’est vrai je préfère agir que dire, être un « faiseux » qu’un « diseux ». J’ai préféré changer les choses en profondeur, restaurer plus de solidarité, répondre aux urgences sociales. C’est sans doute moins visible, mais je crois, plus utile.»

La rénovation urbaine

«Cette année qui débute verra s’achever ou presque, le plan majeur de rénovation urbaine lancé en 2005 et modifié en 2009. 360 millions d’euros auront été investis par les collectivités, les bailleurs sociaux et l’Etat par l’intermédiaire de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine pour réduire les écarts sociaux et urbains inacceptables entre les territoires de notre métropole.

Ce sont des sommes considérables mais elles sont nécessaires. Nous avons été unanimes. Tout n’est pas réglé et il reste encore beaucoup de travail à faire. Un second plan de rénovation urbaine devra d’ailleurs être lancé à la suite du premier. Nous y travaillons et la prochaine équipe le négociera et le mettra en œuvre. »

La citadelle universitaire

«Tisser le lien, avancer, se tourner vers l’avenir. Ce projet s’inscrit pleinement dans cette logique. A la fois urbain et universitaire, il nous permet de nous tourner vers demain. Facteur d’équilibre du territoire et de lien entre des quartiers qui se sont souvent ignorés, qui se sont trop longtemps tournés le dos, il conclut également la réimplantation de l’université en centre-ville et lui apporte une nouvelle dynamique.

L’époque où l’on se méfiait des étudiants est dépassée, ça c'était il y a quelques décennies. Ils constituent avant tout une richesse et leur présence dans le cœur de la cité est une force.»

La rénovation des écoles

«J’ai voulu offrir à nos enfants, à leurs enseignants et à l’ensemble du personnel administratif, des écoles de qualité, durables et susceptibles d’accueillir les différents types d’actions pédagogiques souhaitées. C’est à dire des écoles d’avenir dignes de l’importance qu’elles revêtent à nos yeux, à vos yeux.

Nous avons ainsi voté en 2009 une enveloppe de 30 millions d’euros pour la rénovation des écoles amiénoises. 30 millions d’euros auxquels il faut ajouter les 35 millions d’euros engagés dans la reconstruction des écoles qui s’insèrent dans notre plan audacieux de rénovation urbaine.

En 2014 ce sont donc les groupes scolaires Lorraine-Morvan et Bords de Somme qui vont sortir de terre, la nouvelle école Marcel-Follet qui devra être inaugurée et l’école élémentaire Voltaire profondément réhabilitée.»

Goodyear

«Je pense aux Goodyear, à toutes les personnes ainsi qu’à leurs proches menacés par la fermeture du site. Je ne rentrerai pas dans les polémiques sur l’utilisation de tel ou tel moyen pour défendre son emploi ou pour exiger des contreparties dignes. J’appelle depuis le début au dialogue. Toute solution tire pour moi son origine du dialogue, de l’échange et je souhaite qu’une solution qui n’insulte pas l’avenir soit trouvée pour le site et ses employés.»


Laisser sa place «à des plus jeunes»

«Vous le savez, je n’ai pas souhaité me présenter au prochain scrutin. J’ai déjà exposé les raisons de ce choix qui, je le reconnais, n’est pas très habituel. Mais au même titre que je vous parlais de langage de vérité tout à l’heure et de refus de tout clientélisme, je pense qu’il faut avoir le courage de laisser la place à des plus jeunes et de savoir aussi prendre le temps de vivre et d’aimer.

La vie politique gagnerait à ce que le non cumul des mandats dans les fonctions comme dans le temps soit plus appliqué et je suis sûr qu’alors on verrait plus de citoyens s’engager et s’investir dans la vie de leur cité, de leur département, de leur région, de leur pays. Etre élu n’est pas un métier mais un engagement pour une durée donnée vis-à-vis de ses concitoyens, au service de l’intérêt général.»

La campagne électorale de 2014

«En ce début d’année 2014, je souhaite que le débat à venir puisse se dérouler dans les meilleures conditions, que le sérieux l’emporte sur la démagogie. La période actuelle, mais aussi future, n’est pas simple et il faudra plus que jamais des élus sérieux, dévoués, courageux, responsables.

Je souhaite également, sincèrement, réussite à mon, à ma ou à mes successeurs et je serai à leur disposition, quels qu’ils soient, pour assurer le passage de témoin dans l’intérêt de nos concitoyens.»

Dans l'œil du Télescope

Les photos ont été prises par Rémi Sanchez.