On est loin de l'ambiance d'un laboratoire ou d'un cabinet médical. Loin aussi d'un local associatif lambda. Un salon informel et chaleureux, au mur quelques affiches des dernières campagnes Aides, des rafraîchissements ou des boissons chaudes... La permanence du 19 de la rue Saint-Leu est restée «conviviale», c'est Frédéric Lancel, responsable picard d'Aides qui insiste sur le mot. Pourtant, depuis le mois de mars, on peut y bénéficier d'un dépistage du virus du Sida. Ou, plus précisément, un test rapide à orientation diagnostique (Trod).
Presque aussi pointu qu'un test sanguin effectué en laboratoire, il donne un résultat immédiat. Après une simple piqûre du doigt. Contraintes : il ne donne une indication sur le statut sérologique qu'en prenant en compte un délai de trois mois. En clair: si le patient est devenu séropositif depuis les trois derniers mois, le Trod ne pourra pas forcément le détecter.
Ce Trod aura provoqué beaucoup d'impatience chez Aides. Au niveau national, l'association qui milite pour une meilleure prévention et un meilleur accès aux soins a été très active pour promouvoir les recherches et l'usage de ces tests sur le territoire français.Bien avant novembre 2010 et cette législation qui l'introduit et qui autorise des individus sans qualification médicale de pratiquer le test, après une formation.
Non non, rien a rien changé, enfin un peu
Pour les volontaires d'Aides Amiens, le changement est véritable : depuis l'habilitation de l'Agence régionale de la santé (ARS) en mars 2012, leur local n'est plus seulement une permanence d'écoute, de conseil, un lieu où se fournir des dispositifs de prévention. Il est devenu, en quelque sorte, un centre de dépistage, soit un lieu où les gens peuvent être confrontés à des annonces difficiles.
Néanmoins au niveau pratique la permanence n'a pas vraiment changé, nous explique Fréderic Lancel: la seule exigence est la formation des bénévoles qui vont pratiquer le test, et l'existence d'une pièce adéquate.
Par ailleurs, le responsable se défend d'avoir le même rôle qu'un établissement médical : les Trod ne sont que des tests d'orientation: si jamais un résultat apparaît positif, les bénévoles ont pour mission d'orienter vers un centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) ou une consultation de médecin.
[local fileadmin/le_telescope/mp3/aides2.mp3 Une fréquentation renouvelée]
La population qui fréquente la permanence a-t-elle évolué ? Pas réellement. Le fait est que beaucoup sont des habitués : ils viennent aussi pour discuter avec les bénévoles, de façon informelle. Et parfois, passer un test, comme un ce jeune homme rencontré, ce jour-là dans la permanence.
[local fileadmin/le_telescope/mp3/Aides3.mp3 «Débarassé d'un poids»]
L'étape suivante pour l'association, c'est une permanence désormais mensuelle au café Bissap, le bar Afro de la rue St-Leu. Là-bas, les premiers mardis du mois, il sera même possible de subir un de ces tests rapides. «Depuis que l'on fait des actions ponctuelles dans ce bar, le CDAG nous a indiqué accueillir plus d'hommes blacks pour des dépistages.» Un motif de satisfaction pour le représentant local d'Aides : «ce sont des populations qui sont difficiles à toucher par les campagnes de communication habituelles.»