Ce soir se tiendra le sixième conseil municipal de l'année, à la Mairie d'Amiens.
Avant sa tenue, nous avons voulu mesurer le taux de présence de nos élus. Pour chiffrer l'assiduité, rien de plus simple: les comptes rendus des Conseils municipaux et des Conseils d'agglomération sont disponibles sur le site internet d'Amiens métropole. Il suffit de noter pour chaque séance, les élus absents indiqués dans le paragraphe « membres excusés ».
Un élu peut avoir de bonnes raisons de s'absenter. Il garde, même absent, la possibilité de voter à distance, en attribuant une délégation de vote à l'un de ses collègues élus. C'est ce que l'on appelle un pouvoir.
L'élu le plus souvent absent pendant les conseils municipaux d'Amiens, c'est Didier Cardon, élu de la majorité, mais aussi vice-président du conseil régional de Picardie. Il a manqué près de la moitié des séances (45%) depuis 2010, en omettant à quatre reprises de donner pouvoir à l'un de ses collègues : «En dehors, je suis proviseur, explique-t-il calmement. Tous les trimestres, j'enchaîne trente-trois conseils de classe en deux semaines.» Pour sa défense, il note qu'il fut éloigné de ses obligations pendant 4 mois en 2010 pour des raisons médicales. Cet élu socialiste aura également manqué 37% des conseils d'agglomération où il est pourtant vice-président à la formation d'intérêt communautaire et à l'enseignement.
Autre élu à s'absenter couramment des conseils municipaux, Jean-François Vasseur. Cet élu Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) a raté deux assemblées sur 5 depuis deux ans. Pourtant, durant la même période, il n'a manqué qu'un seuil conseil d'agglomération : «À l'agglomération, je suis vice-président, indique-t-il. Au Conseil municipal, je ne suis qu'un simple conseiller de base. Donc, lorsqu'il y a des manifestations le soir du conseil, ce sont les conseillers municipaux comme moi, qui vont représenter le Maire». Durant ses absences, Jean-François Vasseur a le plus souvent donné pouvoir à un collègue, mais pas toujours: «On est parfois sollicité à la dernière minute. Pour donner pouvoir, il faut remplir un formulaire, qui être transmis au secrétariat de l'assemblée. On ne peut pas le faire oralement ou par téléphone, il faut un écrit».
Dans l'opposition, Nedjma Ben Mokhtar a manqué presque un tiers des séances (35%). « Ce sont parfois des raisons personnelles très graves de dernière minute. Je travaille également dans une association, et il y a parfois des imprévus. » Pour son premier mandat d'élu municipal, elle estime « ne pas toujours être entendue. Personnellement, je ne connais pas toujours les dossiers discutés. On découvre souvent les dossiers à la dernière minute. Il y a un délai légal, mais ce n'est pas toujours suffisant pour les gros dossiers comme le budget. Pour autant, cela ne me décourage pas de venir. On se doit d'y être, c'est un minimum. »
Le groupe le plus assidu aux conseils municipaux, c'est le groupe « Indépendant », dont seulement 6% des élus étaient absents en moyenne des séances. Mauvais points en revanche pour EELV et le « M.P.A Avenir » de Brigitte Fouré, deux groupes qui comptaient en moyenne un élu sur cinq absent durant les conseils.
Globalement, les élus sont tout de même fidèles au poste : en moyenne, 86,5% de l'assemblée était présente durant les deux dernières années.
Et à l'agglo ?
Au Conseil d'agglomération d'Amiens métropole, les absences sont légèrement plus courantes. En moyenne, 16,4% du conseil était absent entre 2010 et aujourd'hui. Moins d'un élu sur six.
Les groupes politiques amiénois au conseil d'agglomération d'Amiens métropole
Les deux élus les moins assidus dans les rangs du conseil métropolitain sont deux élus socialistes amiénois, Lucien Fontaine et Agathe Désérable, qui ont manqué plus de la moitié des séances.
À une exception près, Lucien Fontaine a toujours donné pouvoir à l'un de ses collègues. Il se consacre plus assidument à la Mairie, où il est adjoint à la jeunesse. Il explique ces absences: «Durant les 18 derniers mois et jusqu'en octobre, j'étais étudiant à Science Po Paris. Durant la semaine, à Amiens, j'assiste aussi à de nombreuses réunions avec les services, avec les habitants. Je fais partie de nombreuses commissions à la Mairie. » En effet, le 5ème adjoint au Maire est membre de pas moins de 27 commissions/comités/associations au nom de la ville ou de l'agglomération. « Il y a aussi la vie de famille, et les temps de représentation, comme à Agora ou aux Journées du patrimoine. A un moment, il faut faire des choix. Les jeudis soir (jour du conseil, ndlr), j'ai aussi beaucoup de réunions sur le terrain. Des conseils d'écoles, des comités de liaison jeunesse. » Auparavant éducateur spécialisé parallèlement à ses responsabilités politiques, Lucien Fontaine revendique un vrai statut pour les élus municipaux et se dit contre le cumul des mandats: «Je ne sais pas comment font ceux qui cumulent plusieurs mandats, même avec une grosse équipe de conseillers.»
Autre élu au calendrier chargé, Mohamed Boulafrad, conseiller régional de Picardie, président de la section PS de la métropole, membre du bureau fédéral et du conseil national du PS, a manqué presque la moitié des conseils d'agglo (47%) : «Je suis amené à me déplacer partout dans le département, mais à chaque fois, je me fais représenter. Ce ne sont pas des absences», explique l'élu, qui n'a en revanche manqué que 20% des conseils municipaux, «lorsque quelqu'un me donne un pouvoir, il a toujours toutes les informations. J'essaie de tout suivre de près, mais je ne peux pas être au conseil municipal, si je suis en séminaire avec le conseil régional».
Plus atypique, le cas de Gérald Broutin, conseiller métropolitain pour la mairie de Bertangles. Absent lors de la moitié des conseils d'agglomération (53%): « Cela me paraît énorme », répond ce professeur dans le civil, qui a également presque toujours omis de donner son pouvoir à un collègue (47%). « L'information ne suit peut-être pas. J'appelle la mairie quand je sais que je serai là. Par contre, lorsque je ne donne pas de pouvoir, c'est un oubli de ma part».