Archives du journal 2012-2014

Portrait robot de l'illettrisme en Picardie

Article commentaires (1)

Tous les commentaires

  • jicé iriarte arriola

    le 14/10/2013 à 23:39

    En lisant : "Il y a tout d'abord des causes médicales, avec des dyslexies qui ne sont pas repérées ou mal prises en charge, explique Aurore Brochot. Parfois il y a des causes biologiques, avec des enfants qui entrent à l'école alors qu'ils ne sont physiologiquement pas encore matures pour l'apprentissage de l'écriture. Il y a enfin des causes sociales. Certains parents n'accompagnent pas forcément les études de leurs enfants, parfois car ils ont eux-même des difficultés. S'il manque à l'enfant le vocabulaire de base que les parents auraient pu enseigner, les enseignants ne pourront pas travailler sur la pédagogie de la lecture" dans votre article, il m'a semblé assez révélateur de la façon dont le "problème social" de l'illettrisme est "travaillé".
    Les causes sociales seraient donc les dernières de la chaîne. Or, l'illettrisme est un mot-concept inventé par ATD Quart Monde vers 1978 (parce qu'analphabêtisme était péjoratif et ne correspondait pas au parcours des personnes scolarisées en France). Mais la découverte d'ATD s'est faite dans la pauvreté, dans les cités d'urgence où ses "volontaires" intervenaient. C'est là que résidait l'illettrisme et c'est là aujourd'hui, dans cette population vivant "sous le seuil de pauvreté" qu'il est encore. Il est un "révélateur" des inégalités sociales. Il peut difficilement être combattu sans s'attaquer à celles-ci !
    Le fait que les personnes en situation d'illettrisme soient quasiment majoritairement (48%) en situation de travail n'est pas contradictoire. Le nombre de "travailleurs pauvres" n'est pas en régression et les personnes "en situation d'illettrisme" sont la plupart du temps employées sous les statuts les plus précaires, dans les tâches les plus dures et dans les plan de "sauvegarde de l'emploi". À noter d'ailleurs, la découverte du phénomène qui coïncide avec les grands plans de licenciements et le chômage de masse. Cela pour dire qu'il me semble que les "causes sociales" sont bien les plus déterminantes.
    La casse du service public d'éducation (fermetures, suppression des Rased, de la formation des enseignants), en particulier lors des deux précédentes mandatures législatives a sans doute contribué à augmenter encore d'avantage le taux d'illettrisme (16 ans - 5 ans de RGPP - 5 ans de raffarinade = 6 ans, l'âge d'entrée au CP). L'illettrisme a été déclarée "grande cause nationale", pour "informer, sensibiliser" et "repérer" les personnes "en situation d'illettrisme" (c'est une des récurrence du discours sur l'illettrisme, les personnes ne sont pas assez "repérées"). Il s'agit de pouvoir orienter vers les structures qui pourront répondre à la demande, mais dans le même temps, depuis plusieurs années, les organismes de formation concourent aux marchés publics mis en place pour les formations aux savoirs de base. Et les critères pédagogiques sont pris en compte, comme les critères de coût. Et les "mieux-disants" ne sont pas nécessairement ceux qui "maillent" le mieux un territoire… Comment, dès lors proposer des solutions ?
    Ces remarques n'engagent que moi, bien évidemment.

    signaler un abus